3h du matin.
Ça brasse. Ça brasse même plus que prévu! Ceintures de sécurité, harnais et prudence sont de rigueur. De la houle de 5 à 6 pieds nous bardasse depuis plusieurs heures dans une noirceur illuminée que par la Lune. Nous sommes vent arrière. Ceux qui ont déjà fait de la voile savent qu’un vent arrière dans 6 pieds de vagues, c’est pas très bon pour l’estomac. Comme de fait, on feel tous plus ou moins bizarre. Le vent tourne et nous force à changer notre route pour un cap plus au nord. Nous devons affaler la grande voile et Alain risque une sortie périlleuse sur le pont. Le stress est à son comble!
Puis tranquillement, l’aube pointe le bout de son nez vers 5h30 et on peut commencer à entrevoir nos regards fatigués.
Finalement, vers 6h, le soleil se lève enfin et une longue nuit s’achève sur un bel horizon orangé en guise de récompense.
Nous ne sommes maintenant plus qu’à une quinzaine de miles de notre destination. Soudain, l’île de Virgin Gorda apparaît, nous accueillant avec un bel arc-en-ciel.
Certains en profitent pour se reposer un peu.
La houle qui nous donne inlassabement un avant-goût des prochains manèges de La Ronde nous semble maintenant moins impressionnante au moment d’entrer officiellement dans les Îles Vierges!
Arrivée officielle: 9h30
Soit un peu moins de 16h de navigation. Nous sommes fatigués après une nuit assez mouvementée et riche en émotions. Nous décidons donc de nous ancrer dans la baie de Gorda Sound North qui est le premier abris à l’entrée des Îles pour prendre un bon déjeuner bien mérité avant d’aller effectuer notre check-in (douanes).
9h40, les céréales sont dans les bols, le lait coule à flot et ça sent bon les toasts!
9h50, le bruit de puissants moteurs se fait entendre et on entrevoit un bateau très, très proche de nous par les hublots. Inquiets, on sort. Le bateau nous aborde littéralement! Défenses et amarres sorties, ils s’attachent à notre bateau! Nous reconnaissons alors un bateau des douanes.
D’un air menaçant, l’un des douaniers nous demande de lui remettre nos papiers de clearance (permis de navigation pour les Îles Vierges). Nous lui expliquons que nous allions justement les chercher après cette pause déjeuner.
Il nous indique alors que nous sommes «dans ‘marde!» Il nous montre la loi du pays qui stipule que le fait de s’ancrer ailleurs que dans un port d’entrée (port où on passe la douane) est illégal et passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 000$, ainsi que jusqu’à 1 an d’emprisonnement pour le capitaine. Surpris, on se regarde et on se contente de répondre que nous n’avons pas cet argent avec nous. Les douaniers délibèrent alors entre eux en espagnol et en viennent à la conclusion que nous méritons tout de même une amende de 300$. Ils demandent de payer cash si possible. Flairant l’arnaque malgré leur bateau officiel, nous mentons en affirmant ne pas avoir un tel montant avec nous. Ils nous demandent donc de nous diriger immédiatement vers le port d’entrée de Spanish Town, situé à 8 miles plus au sud. Afin d’être sûrs que nous obéissons, ils saisissent nos trois passeports canadiens (ça vaut de l’or ces machins à l’international!) Difficile de s’ostiner à 3 marins touristes contre 5 douaniers armés…
On s’exécute donc et on prépare nos excuses et nos arguments pour le bureau des douanes. On décide de prendre un quai à la marina afin de rencontrer les habitants du coin et leur demander conseil. Personne n’a jamais entendu parler d’une telle situation. «C’est contre le tourisme!» affirment-ils. Confiants, nous nous présentons au bureau des douanes avec la ferme intention de faire sauter cette amende (SOS Ticket s’occupent-ils des contraventions marines?)
Après beaucoup de gossage, d’ostinage, d’argumentage et d’autres techniques de charme, rien à faire. Le douanier en chef demeure très aimable, patient, mais impassible et intraitable. Nous devons payer l’amende et nous estimer chanceux qu’ils n’aient pas décidé d’appliquer la loi plus sérieusement (10 000$ + prison). Nous récupérons donc nos passeports qui prennent la place des 300$ que nous avions en poche avant cette histoire…
Déçus par cet accueil des Îles Vierges (soyons honnêtes, on était en tabarnak!), nous nous offrons une bonne nuit tranquille à quai.
Désolé pour ce long passage sans photo, mais nous n’avions pas le coeur à photographier quoi que ce soit.
Morale de cette histoire: TOUJOURS rendre visite aux douanes avant quoi que ce soit!
Le lendemain, la frustration s’estompe avec le beau paysage et la température. On s’ancre dans la baie de St-Thomas à côté d’un bateau pirate. On complète le gossage administratif.
En après-midi, on décide d’aller visiter The Baths, un dédale impressionnant de rochers à moitié dans l’eau. C’est à voir il paraît. Mais c’est plein. On retourne s’ancrer au même endroit.
Le lendemain, les derniers jours sont oubliés et on s’est préparé une belle journée de baignade, de snorkeling et d’exploration. On trouve un spot tranquille sur l’île Broken Jerusalem au sud de Virgin Gorda. Une seule bouée de mouillage, une plage et des coraux pour nous tout seul.
Comble de malheur, l’alarme du moteur retentit quelques mètres avant la bouée. Le moteur surchauffe. Notre proprio n’est pas loin, on le rejoint et on s’ancre à voile dans 50 pieds d’eau et exposé aux vagues du large pour diagnostiquer le problème. Il s’avère que la pompe à eau et le thermostat sont foutus. Nous devons nous rendre à Road Harbour sur l’île de Tortola pour trouver les pièces et effectuer la réparation. Mais plus de moteur signifie plus de guindeau (système électrique qui remonte l’ancre automatiquement). Les 200 pieds de chaîne sont sous l’eau, sans compter l’ancre, soit environ 100 lbs qui frottent. On doit remonter l’ancre au winch:
La nuit tombe avant qu’on arrive à Tortola, on s’ancre donc quelques miles avant, à l’ouest de Buck Island, toujours à voile entre les récifs. Le lendemain, lever à 6h30 pour arriver tôt à Tortola. On doit à nouveau lever l’ancre à la main de bon matin. On s’aide du dinghy pour tirer le bateau et on repart à voile.
On arrive au port très achalandé de Road Harbour en se faufilant entre les transatlantiques.
Il faut alors rentrer dans la marina par un étroi chenal… sans moteur. On dirige donc encore le bateau à l’aide du dinghy.
On passe la journée à chercher les pièces nécessaires à la réparation en compagnie du proprio. La chance tourne enfin, on trouve tout ce qu’il nous faut. Le proprio, son père et nous tous effectuons la réparation le soir même.
Tout semble fonctionner!
Résultat: 2 jours perdus, 700$ de pièces, beaucoup d’huile de coude et du stress en masse!
Voilà l’accueil que nous réservaient les Îles Vierges.
En espérant que les prochains jours seront plus plaisants!
On vous tient au courant de nos bons et mauvais coups!
Wooow, des images a couper le souffle, merci de nous donner des nouvelles, votre maison va bien , rien d’inquietant. L’hiver continue en douceur, bien sure pas aussi chaud que vous autresxxx. Bonne continuité, aplus
Salut les marins, Je vous suis toujours sur une carte. Le paysage semble magnifique. J’espère que les problèmes sont derrière vous et que vous pourrai savourer pleinement votre séjour aux Îles. Votre traversé le vent dans le dos avec une vague de 6 pieds Ouf! j’aurais eu besoin du sceau! J’espère que l’équipage se sent bien malgré tous ces déboires. J’ai hâte de voir vos prochaines photos et vos commentaires, ils sont dignes d’un roman d’aventures!
Jean-Claude xx
Salut moussaillons!
Eh bien! que d’aventures! Le lac Champlain vous paraîtra bien calme après ce périple.
Vos photos sont très belles et je suis ravie de suivre votre parcours. Vive l’informatique. Tout ne peut pas toujours aller mal, le meilleur est à venir (je vous le souhaite). Mieux vaut se faire aborder par des douaniers que par des pirates. (hi! hi! hi!).J’espère que Dany ne perdra pas trop de poids, elle est déjà toute petite.
À la prochaine aventure!
Denise