Marie, Stéphanie et St-Barthélémy

Notre retour de Saba vers St-Martin s’est déroulé sans encombre. Nous avons mouillé pour la nuit à Simpson Bay, à l’extérieur du lagon. Pour faire changement, nous nous sommes fait brassés toute la nuit. Alain et Danielle se réveillent de bonne heure, pas très en forme. Il est temps de repasser le pont-levis et les douanes et de nous préparer à recevoir la grande visite. En effet, nous passerons les 5 derniers jours de nos vacances en compagnie de deux amies d’Olivier, Stéphanie et Marie-Eve. Elles doivent arriver par avion tard en soirée, en provenance de Miami.

Pendant qu’Olivier et Danielle restent à bord pour entrer dans le lagon à l’ouverture du pont, Alain prend les devants en annexe et se dirige vers les douanes pour régler les formalités d’arrivée. Au moment de payer, la douanière lui dit:

You are in big trouble Sir!

En gros, pour une deuxième fois en six semaines, on nous dit que nous sommes dans «la grosse marde»! Et c’est sans jeu de mots que je peux vous assurer que ça commençait à nous faire chier! Il semblerait que notre bateau, le Marsanne, ait passé la douane sans s’acquitter des droits de séjour ni de passage à plusieurs reprises. Plusieurs semaines plus tôt, c’est Jason lui-même (le responsable du bateau) qui nous avait expliqué de ne pas nous arrêter (conseil que nous n’avons pas suivi)! Alain comprend assez rapidement la combine de Jason et explique aux douaniers que nous louons seulement le bateau et que ces passages illégaux ont fort probablement été effectués par quelqu’un d’autre. C’est rare, mais nous avons gagné sur les fonctionnaires, ils nous ont laissé payer seulement notre droit d’entrée.

Ce qui restait de notre journée s’est résumé à nous préparer à recevoir nos deux nouvelles passagères. On fait le plein d’eau, l’épicerie, on range un peu… On en profite aussi pour se reposer, le séjour à Saba n’était pas de tout repos! Vers 22h, Olivier part en annexe vers la marina La Palapa où Marie-Eve et Stéphanie doivent arriver en taxi. Après quelques minutes angoissantes pour les deux filles, Olivier les retrouve, on prend un verre et on repart vers le Marsanne, éclaboussures incluses.

Le lendemain, lever de bonne heure, pour passer à nouveau sous le pont et direction: Saint-Barthélémy! Les deux nouvelles passagères sont émerveillées par la beauté des paysages et n’en croient pas leurs yeux. Tout un contraste avec Montréal en plein mois de février! Tout le monde est tout sourire et l’appareil-photo se fait aller!

On peut même avoir des photos de famille maintenant!

Puis, l’inévitable ne pu être évité… L’équipage eu un accès de folie à cause d’un surplus de bonheur! De l’action sur le pont!

Le capitaine devait ramener ces marins d’eau douce à l’ordre… On mit donc un bateau de 18 tonnes qui «penche beaucoup» entre les mains de l’une:

Et la mer se chargea de l’autre:

En début d’après-midi, la houle et le vent s’intensifièrent. Le génois à lui seul ne nous permettait pas de garder le contrôle. La météo ne laissait pourtant pas présager une traversée si difficile, nous n’avions même pas installé les lignes de vie. Olivier doit donc se charger d’en installer au moins une. Il monte sur le pont et se rend jusqu’à l’avant du bateau. Ça brasse, ça penche et c’est glissant! Les vagues explosent de part et d’autre de l’étrave et ce n’est qu’une question de secondes avant qu’Olivier soit trempé. Prudemment, il sécurise la ligne de vie et s’y attache. Il retourne ensuite au mât pour hisser la grande voile (avec 2 ris!). Là encore, on se croirait dans un manège de La Ronde. Marie-Eve se bat contre un joli cocktail de mal de mer, de fatigue et de grippe, tandis que Stéphanie et Danielle vont très bien malgré l’état de la mer.

Après une rude demie-journée de navigation avec de la houle de 6 à 8 pieds et un bon vent d’Est, c’est en croisant ce genre de yacht que nous avons su que nous étions arrivés à Saint-Barthélémy.

Dans ce paradis des millionnaires et des vedettes, on se serait crû sur le bien-être social avec notre Oceanis 46! Il y a beaucoup de bateaux qui mouillent au large du port de Gustavia, on se faufile et on déniche finalement un bel endroit en bordure du chenal pour les traversiers. Alain et Olivier partent en annexe vers la capitainerie pour régler les questions administratives et se font couper la route par un gros yacht à moteur qui n’a pas priorité. Mais était-ce vraiment le temps de tester les connaissances de cet autre capitaine en matière de priorités? Contre toutes attentes, les formalités de St-Barth ne furent pas les plus coûteuses de notre voyage, nous décidons donc d’y rester pour deux jours. Retour au Marsanne et c’est la soirée des premières pour Marie-Eve et Stéphanie! La première frustration de devoir se laver dans l’eau salée a donné droit à quelques commentaires, mais un premier coucher de Soleil des Caraïbes aura vite fait de les amadouer.

Au réveil, l’état de Marie-Eve ne s’améliore pas: fièvre et maux de tête sont au rendez-vous. Elle nous accompagne tout de même pour une visite de St-Barth. On loue une voiture et nous voilà partis à la découverte de cette petite île dont la rénommée dépasse de loin les frontières des Caraïbes.

On déambule sur les routes qui longent la côte, on admire, on apprécie. Les paysages sont à la hauteur de nos attentes, c’est majestueux.

On fait la tournée des plages: la Baie de St-Jean, l’Anse de l’orient, l’Anse de Marigot, l’Anse du Grand Cul-de-Sac où on a pu observer des professionnels du kitesurfing, l’Anse de Petit Cul-de-Sac, l’Anse du Grand Fond pour terminer avec l’Anse des Flamands et une bonne baignade. Il y avait beaucoup de vagues et Marie-Eve a bu la grande tasse!

On joue aussi les voyeurs en passant dans les rues résidentielles, on admire les propriétés toutes plus extravagantes les unes que les autres. On s’arrête souvent, au gré de nos désirs de prendre des photos ou simplement de se faire fouetter le visage par le vent du large.

Olivier en profite!

On dîne dans un restaurant français nommé Le Bouchon. Très bon et pas trop cher (pour St-Barth en tout cas!)

Lors du retour au bateau en soirée, on se fait mouiller par une averse subite et intense. C’est la première fois en cinq semaines qu’on se fait tremper par autre chose que de l’eau de mer! Le soir, Stéphanie et Olivier vont se balader et prendre un verre à Gustavia pendant que la pauvre Marie-Eve se repose, bien déterminée à être en forme pour le reste du voyage.

Le lendemain, on lève l’ancre pour aller jeter un coup d’oeil à l’Anse du Grand Colombier qui renferme l’une des plus belles plages des Caraïbes. Cette baie paradisiaque n’est accessible que par bateau ou après une vingtaine de minutes de marche de la route la plus proche, ce qui la rend très paisible. Aucun bar, aucune attraction touristique, très peu de gens, c’est un mixte parfait de beauté visuelle et de calme. Les filles en profitent pour renouveler leurs photos de calendrier.

Malgré notre départ imminent pour retourner à St-Martin, on se permet une petite séance d’apnée. Les fonds marins ne sont pas aussi impressionnants qu’aux Îles Vierges, mais on fait tout même de belles trouvailles. Avez-vous déjà vu une étoile de mer qui mange un coquillage?

Toute bonne chose ayant une fin, nous avons finalement dû quitter ce petit coin de paradis. C’est toujours plus facile de s’arracher à un bon moment lorsque la suite s’annonce tout aussi enivrante! Les conditions météorologiques laissait tout de même présager une traversée mouvementée. Depuis quelques jours, le vent s’intensifiait et la houle ne s’est pas fait prier pour atteindre les 10 pieds avec quelques vagues atteignant 12 pieds! Très impressionnant lorsque ce mur d’eau fonce en ta direction! Le vent soufflait à 25 noeuds, nous avions pris 3 ris et réduit le génois de moitié, voire même à 30%. Après une petite averse, nous arrivons en terrain familier: la baie de Grand Case.

Nous faisons visiter la ville de Marigot à Marie-Eve et Stéphanie le lendemain, on dîne dans une bonne crêperie et on évite d’effectuer les formalités d’entrée, car la douane est fermée pour le carnaval. En soirée, Olivier et les deux filles vont faire un tour à terre, prendre un verre au Calmos Café et une crème glacée. Ils finissent la soirée au Rainbow Café. Le nom aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, ça nous aurait évité des troubles psychologiques. Une fois rentré, Olivier se retrouve face à face avec un travesti et un autre suit Stéphanie de proche. De beaux spécimens!

Notre voyage tire à sa fin et notre dernière journée complète consiste à revenir dans la lagon du côté néerlandais pour remettre le bateau le lendemain. On se permet tout de même d’aller chercher des croissants frais à la pâtisserie du village (ça fait changement des céréales et des toasts habituelles!) Les trois jeunes passent du temps sur la plage et prennent un verre au Rainbow Café (qui est beaucoup plus recommandable durant la journée).

On a droit à une superbe dernière journée de voile avec des conditions idéales. Les pieds pendants par-dessus bord, on se laisse filer vers la ville de Marigot et on profite au maximum de chaque seconde. Certaines jouent même aux sirènes!

Le soir venu, on prend un verre tous ensemble. Voici notre dernière photo, juste après le souper du condamné.

Pour terminer la soirée, les trois jeunes vont faire un tour à terre. C’est le gros party qui commence avec la soirée d’ouverture de la Heineken Regatta. On en profite! On a même droit à un concours de Wet T-Shirts. Vive les Caraïbes! 🙂

Je ne pouvais pas clore le récit de nos aventures avec cette image… Alors le lendemain, les préparatifs de départ vont bon train. Marie-Eve et Stéphanie ont prévu rester trois jours de plus dans un hôtel de Great Bay. On dîne tous ensemble à terre et après de déchirants adieux, nous voici en route pour l’aéroport, puis dans la file d’attente pour passer la sécurité, puis dans l’avion, puis dans les airs.

C’est avec un mélange de nostalgie, de bonheur, de tristesse et de sérénité que nous quittons ce monde tellement différent du nôtre. Je jette un dernier regard par le hublot pour apercevoir l’île de St-Martin dans toute sa splendeur.

C’est ce qui conclut le récit de ce grand voyage. Merci de nous avoir suivis, lus et soutenus durant six semaines. À la prochaine aventure matelots!

 

Oh j’oubliais… Notre retour au Québec. Sans commentaire…

Les trésors de Saba la Mystérieuse

Nous en sommes maintenant aux trois quarts de notre aventure. Le 21 février, nous partons pour l’île de Saba. C’est une petite île néerlandaise isolée, au sud-ouest de St-Martin, assez difficile d’accès, que ce soit par les airs ou par la mer. Il est nécessaire d’avoir des vents d’est, les vagues et la houle doivent être au minimum pour éviter de se faire trop brasser une fois ancré.  Saba ne compte qu’un peu plus de 1000 habitants, mais les paysages sont, paraît-il, à couper le souffle. La traversée dure environ 5h et le vent d’est est favorable, la houle est de moins de 2m, les conditions sont quasi idéales. Nous voilà donc partis à la découverte de ce coin reculé des Caraïbes. L’approche est impressionante et l’île dégage une allure mystérieuse, digne d’un film de Jurassic Park.

Des bouées de mouillage sont offertes aux visiteurs (moyennant un très faible coût) du côté ouest de l’île, là où la protection est la meilleure. Nous nous arrêtons tout juste devant Ladder Bay, là où plus de 800 marches ont été façonnées à même le roc au XIIIe siècle. Ces marches furent le seul moyen d’accéder à l’intérieur de l’île jusqu’au milieu du XXe siècle. Nous voyons ici l’ancien poste frontalier où un douanier contrôlait jadis cet unique accès.

En fin de journée, nous partons en annexe jusqu’au port pour enregistrer notre arrivée à la douane et payer nos frais de séjour et de bouée. Le trajet dure plus de 30 minutes dans des vagues de 2 à 3 pieds. Les éclaboussures sont au rendez-vous! Le seul port de l’île, situé à Port Bay, donne l’impression d’un port de pêche du grand nord québécois. Quelques industries, quelques véhicules, des conteneurs. D’ailleurs, à notre grande surprise, le bureau de douane est justement l’un de ces conteneurs.

Tout se passe sans problème, les gens de Saba sont très accueillants et beaucoup plus accommodants que leurs homologues dans les Îles Vierges ou à St-Martin par exemple… Le Soleil termine sa course, la journée tire à sa fin. Retour au bateau, ça brasse! On soupe et on se couche.

À l’exception d’Olivier, tout le monde a mal dormi à cause du fort roulis. Comme ça ne s’annonçait pas mieux pour la nuit à venir, on décide d’aller à terre pour visiter l’île (nous n’avions pas surmonté tout ça pour rien quand même!) et d’y rester une nuit pour ne pas laisser une autre chance à la mer de nous rendre malade. Nous abandonnons donc momentanément notre cher Marsanne… Va-t-on le retrouver intact? Arrivés à terre, un aimable chauffeur de taxi nous indique qu’il ne reste qu’une chambre disponible dans toute l’île. Il appelle l’hôtel en question qui confirme ses dires. Nous nous empressons donc de nous y rendre pour réserver. Et c’est à partir de là que nous avons découvert la véritable nature de Saba. La route qui relie le port et les villages est très impressionnante! Les paysages sont à couper le souffle! L’inclinaison des rues, qui atteint 40%, donne le vertige!

Nous sommes tellement ébahis par la vue, le regard fixé dans le vide alors que nous empruntons la seule route de l’île qui longe d’abruptes falaises, que nous ne nous rendons même pas compte que le chauffeur tourne dans un cul-de-sac. La camionnette qui semble avoir bien souffert sur ces routes tortueuses s’immobilise. Pourtant, rien autour de nous ne semble indiquer la présence d’un quelconque hôtel. Le chauffeur nous explique que l’Ecolodge est situé à quelques centaines de mètres et que nous devons emprunter un sentier pour nous y rendre. La végétation qui nous entoure est dense, mais la marche s’avère facile. Nous atteignons finalement le poste d’accueil qui prend notre réservation et qui nous confirme la disponibilité de notre chambre dans l’après-midi.

Malgré sa blessure, Olivier se sent d’attaque et on décide de partir à la conquête du Mont Scenery, le plus haut sommet de l’île (environ 900m). C’est une randonnée d’environ 3h qui compte 1064 marches sculptées dans la montagne. L’expérience est époustouflante! On se croirait en pleine jungle et les points de vue abruptes récompensent largement nos efforts.

Plus de 1000 marches plus tard, nous arrivons au sommet qui, comme à son habitude, se cache dans les nuages. L’atmosphère y est froide et humide. La vue est partiellement bloquée, mais les trous entre les nuages nous laissent gentiment quelques secondes de clarté. Nos yeux s’écarquillent devant un ravin de plusieurs centaines de mètres donnant sur le village de Windwardside. Bonjour le vertige!

Le sourire d’Olivier s’effaça lors de la descente. Le genou qui l’avait si vaillamment amené au sommet commença à montrer des signes de fatigue. La douleur se fit sentir et Alain dû s’improviser en béquille humaine. Le retour vers l’hôtel fut plus long et difficile qu’à l’aller…

 

À notre arrivée, nous apprenons que cet hôtel se constitue en fait de petites «villas» privées de 14′ x 14′, perchées à flanc de montagne. Excités, nous amorçons notre ascension vers notre futur chez-nous. Nous croisons d’autres cabanes aux allures exotiques, voire rudimentaires, avant d’arriver à la nôtre, nommée Anolis.

Elle comporte deux lits superposés. Olivier échappe à l’échelle à cause de son genou fragile, Alain et Danielle en sont quittent pour le lit supérieur.

On se repose quelques instants (les genoux surtout!) avant de repartir visiter le village The Bottom et avaler un morceau!

Nous nous arrêtons dans une pizzeria pour le dîner, mais nous sommes trop exténués pour respecter les coutumes locales.

Les villages de Saba sont très pittoresques et de nombreuses ruelles courent derrières les petites maisons et leurs jardins colorés. La route principale n’est elle-même pas très large et ne permet par endroit qu’à un seul véhicule de passer à la fois.

Nous terminons notre journée avec un copieux souper au réputé restaurant le Brigadoon. Très bon et la propriétaire était très accueillante! Retour de nuit à notre cabane dans les arbres, le parcours est sensiblement plus fastidieux, mais tout de même sans encombre grâce aux sentiers éclairés et nos lampes frontales. Une bonne nuit de sommeil s’en suit, la seule de tout le voyage pendant laquelle nous n’avons pas été bercés au gré des vagues.

Le lendemain, retour au bateau qui nous attendait sagement.
Eh voilà! C’était notre fabuleuse histoire avec Saba!

La magie de la nature

Une longue nuit nous attend, une nuit sans Lune, complètement noire cette fois-ci. Nous profitons de nos dernières heures aux Îles Vierges pour flâner au large de Virgin Gorda, notre point de départ. La vue y est, une fois de plus, magnifique! Puis, on s’active finalement. Difficile de quitter ce petit coin de paradis! Suite à notre expérience plutôt difficile à l’aller, on ne lésine pas sur la sécurité. Même si la météo s’annonce beaucoup plus clémente, les vestes de flottaison, harnais, lignes de vie, ainsi qu’une foule de vérifications sont de mise! On hisse finalement les voiles et c’est un départ! On se retourne et on jette un dernier regard aux Îles Vierges. À bientôt peut-être, qui sait? Nous nous rendons bien vite compte que, contre toute attente, la traversée sera bien loin de ressembler à celle que nous avons connue deux semaines plus tôt. La mer est calme et d’un bleu profond. Le manque de vent nous oblige à partir le moteur. Nous ne conserverons d’ailleurs que la grande voile pour stabiliser le bateau et le ronronnement du moteur nous accompagnera toute la nuit. Les quarts de nuit seront assurés par Olivier de 20h à minuit, Alain de minuit à 4h et Olivier de 4h à 8h. J’en profite donc pour me reposer un peu durant les premières heures de la traversée et j’admire l’immensité bleue et infinie de l’océan. Je suis confortablement couché sur le pont avant, écouteurs aux oreilles. Le vent rafraîchissant et le soleil brûlant mixés à la perfection, j’aurais pu rester là des heures. Je me retourne et j’admire l’étrave qui fend les vagues inlassablement. Soudain, je crois apercevoir les détails du fond. Partout ailleurs, cela aurait siginifié que l’eau est peu profonde et dangeureuse pour la navigation, mais pas ici. L’eau est tellement claire qu’on peut y voir jusqu’à 50-60 pieds de profondeur. Alain m’indique pourtant que la profondeur est de plus de 200 pieds; impossible donc, d’entrevoir le fond. Je continue à scruter les abîmes, la tête par-dessus bord. Des formes grises s’activent soudainement et à ma grande surprise, un groupe de dauphins surgit de l’eau. Cinq dauphins nous suivent! Je crie aux parents de venir me rejoindre à la proue. Pilote automatique enclenché et nous voilà tous les trois, la bouche coincée en mode ouverture complète, ébahis par ce spectacle magique que la nature nous offre. Même si nous filions à plus de 5 noeuds, nos nouveaux amis nous ont suivi pendant environ 30 minutes. Impossible de bien rendre toute la magie du moment, mais voici tout de même un vidéo qui saura vous émerveiller!

À peine notre esprit revenu en mode normal, vint l’un des fameux couchers de soleil que seule la mer peut nous offrir. Là encore, on se remet en mode ‘bouche-bée’! Une fois la nuit tombée, plus rien. Un calme et un noir inégalés. La Lune n’étant pas invitée cette nuit-là, seules les étoiles scintillent au-dessus de nos têtes. L’écume produite par le bateau s’éclaire d’une lueur phosphorescente verdâtre due à la présence de plancton dans l’eau salée. Le bateau file tel une flèche d’argent au beau milieu de nulle part. Mais le Soleil finit toujours par remporter la partie… Après une nuit calme et sans encombre, une lueur se pointe le bout du nez vers 5h30. Ce n’était plus alors qu’une question de minutes avant l’éblouissement matinal. Pas celui qui cause des accidents de la route en se rendant au travail, mais plutôt celui dont on apprécie chaque seconde et durant lequel tout s’arrête. Le reste de l’équipage commence à se réveiller, je note le dernier point du voyage («faire le point» signifie vérifier la route empruntée).

Nous arrivons finalement à St-Martin vers 7h30, après plus de 16h de navigation. Malgré une traversée de nuit sans encombre, nous sommes heureux d’arriver à bon port! Le pont-levis gardant l’entrée du lagon de l’île de St-Martin marque la ligne d’arrivée.

Maintenant à l’abris, c’est le début d’une journée de repos. On effectue un arrêt à la marina pour remplir les réservoirs d’eau et d’essence. Ce lagon est très peu profond, parsemé de bouées indiquant les chenaux à suivre et nombreux sont ceux qui n’en sont jamais ressortis comme en témoignes les multiples épaves.

Alain à la barre, nous suivons justement le chenal menant à la section néerlandaise du lagon. Soudainement, le bateau ralenti et on ressent une friction. La quille du bateau touche le fond et on s’enlise dans la vase! Impossible d’en sortir! On espère que les vagues des bateaux moteur empruntant le chenal nous aideront, mais sans succès. On songe aux autres épaves qui nous entourent… Finalement, après de multiples manoeuvres, le capitaine l’emporte sur la mer et on repart, avec Olivier qui joue le rôle de la vigie à l’avant. On s’ancre enfin. Repos pour tout le monde.

La journée se termine, on clôt la fin d’un autre chapitre de notre aventure sur des images de calendrier.