La magie de la nature

Une longue nuit nous attend, une nuit sans Lune, complètement noire cette fois-ci. Nous profitons de nos dernières heures aux Îles Vierges pour flâner au large de Virgin Gorda, notre point de départ. La vue y est, une fois de plus, magnifique! Puis, on s’active finalement. Difficile de quitter ce petit coin de paradis! Suite à notre expérience plutôt difficile à l’aller, on ne lésine pas sur la sécurité. Même si la météo s’annonce beaucoup plus clémente, les vestes de flottaison, harnais, lignes de vie, ainsi qu’une foule de vérifications sont de mise! On hisse finalement les voiles et c’est un départ! On se retourne et on jette un dernier regard aux Îles Vierges. À bientôt peut-être, qui sait? Nous nous rendons bien vite compte que, contre toute attente, la traversée sera bien loin de ressembler à celle que nous avons connue deux semaines plus tôt. La mer est calme et d’un bleu profond. Le manque de vent nous oblige à partir le moteur. Nous ne conserverons d’ailleurs que la grande voile pour stabiliser le bateau et le ronronnement du moteur nous accompagnera toute la nuit. Les quarts de nuit seront assurés par Olivier de 20h à minuit, Alain de minuit à 4h et Olivier de 4h à 8h. J’en profite donc pour me reposer un peu durant les premières heures de la traversée et j’admire l’immensité bleue et infinie de l’océan. Je suis confortablement couché sur le pont avant, écouteurs aux oreilles. Le vent rafraîchissant et le soleil brûlant mixés à la perfection, j’aurais pu rester là des heures. Je me retourne et j’admire l’étrave qui fend les vagues inlassablement. Soudain, je crois apercevoir les détails du fond. Partout ailleurs, cela aurait siginifié que l’eau est peu profonde et dangeureuse pour la navigation, mais pas ici. L’eau est tellement claire qu’on peut y voir jusqu’à 50-60 pieds de profondeur. Alain m’indique pourtant que la profondeur est de plus de 200 pieds; impossible donc, d’entrevoir le fond. Je continue à scruter les abîmes, la tête par-dessus bord. Des formes grises s’activent soudainement et à ma grande surprise, un groupe de dauphins surgit de l’eau. Cinq dauphins nous suivent! Je crie aux parents de venir me rejoindre à la proue. Pilote automatique enclenché et nous voilà tous les trois, la bouche coincée en mode ouverture complète, ébahis par ce spectacle magique que la nature nous offre. Même si nous filions à plus de 5 noeuds, nos nouveaux amis nous ont suivi pendant environ 30 minutes. Impossible de bien rendre toute la magie du moment, mais voici tout de même un vidéo qui saura vous émerveiller!

À peine notre esprit revenu en mode normal, vint l’un des fameux couchers de soleil que seule la mer peut nous offrir. Là encore, on se remet en mode ‘bouche-bée’! Une fois la nuit tombée, plus rien. Un calme et un noir inégalés. La Lune n’étant pas invitée cette nuit-là, seules les étoiles scintillent au-dessus de nos têtes. L’écume produite par le bateau s’éclaire d’une lueur phosphorescente verdâtre due à la présence de plancton dans l’eau salée. Le bateau file tel une flèche d’argent au beau milieu de nulle part. Mais le Soleil finit toujours par remporter la partie… Après une nuit calme et sans encombre, une lueur se pointe le bout du nez vers 5h30. Ce n’était plus alors qu’une question de minutes avant l’éblouissement matinal. Pas celui qui cause des accidents de la route en se rendant au travail, mais plutôt celui dont on apprécie chaque seconde et durant lequel tout s’arrête. Le reste de l’équipage commence à se réveiller, je note le dernier point du voyage («faire le point» signifie vérifier la route empruntée).

Nous arrivons finalement à St-Martin vers 7h30, après plus de 16h de navigation. Malgré une traversée de nuit sans encombre, nous sommes heureux d’arriver à bon port! Le pont-levis gardant l’entrée du lagon de l’île de St-Martin marque la ligne d’arrivée.

Maintenant à l’abris, c’est le début d’une journée de repos. On effectue un arrêt à la marina pour remplir les réservoirs d’eau et d’essence. Ce lagon est très peu profond, parsemé de bouées indiquant les chenaux à suivre et nombreux sont ceux qui n’en sont jamais ressortis comme en témoignes les multiples épaves.

Alain à la barre, nous suivons justement le chenal menant à la section néerlandaise du lagon. Soudainement, le bateau ralenti et on ressent une friction. La quille du bateau touche le fond et on s’enlise dans la vase! Impossible d’en sortir! On espère que les vagues des bateaux moteur empruntant le chenal nous aideront, mais sans succès. On songe aux autres épaves qui nous entourent… Finalement, après de multiples manoeuvres, le capitaine l’emporte sur la mer et on repart, avec Olivier qui joue le rôle de la vigie à l’avant. On s’ancre enfin. Repos pour tout le monde.

La journée se termine, on clôt la fin d’un autre chapitre de notre aventure sur des images de calendrier.